Dans son sermon du 13 mai 2022, Sa Sainteté le Calife a relaté les premières campagnes menées par le Calife Abou Bakr contre les rebelles et les faux prophètes.

Sermon du vendredi 13 mai 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais les campagnes contre l’insurrection du temps d’Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.). Voici les détails concernant les avancées de Khalid Ibn Al-Walîd vers la région de Boutah contre Malik Ibn Nouwayrah. Boutah est le nom d’une source dans la région des Banou Asad. Malik Ibn Nouwayrah appartenait au clan Banou Yarbou, une branche des Banou Tamim. Il s’était rendu à Médine avec sa tribu en l’an 9 de l’Hégire pour ensuite se convertir à l’islam. Malik Ibn Nouwayrah était l’un des chefs de sa tribu et l’un des guerriers et cavaliers les plus célèbres de l’Arabie. Le Prophète (s.a.w.) lui avait confié la tâche de collecter la Zakât de sa tribu et l’avait nommé collecteur de la Zakât. Mais lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé et que la vague d’apostasie et de rébellion s’est répandue en Arabie, Malik Ibn Nouwayrah a également apostasié. Lorsqu’il a reçu la nouvelle de la mort du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il s’en est réjoui et a organisé une fête. Les femmes de sa maison se sont mises du henné, jouant du tambour et exprimant leur joie et leur bonheur. [Les membres de sa tribu] ont tué les musulmans de leur tribu qui, étant convaincus de l’obligation de la Zakât, l’envoyaient au centre des musulmans, c’est-à-dire à Médine.

Il est important de se rappeler que tout individu qui a été puni ou qui a été soumis à des mesures sévères avait tenté de nuire aux musulmans et n’était pas uniquement devenu un apostat.

En effet, il a refusé d’une part de payer la Zakât et d’autre part il a restitué les biens de la Zakât à son peuple. D’autre part, il s’est joint à la rebelle et fausse prophétesse, Sajah, qui était venue avec une grande armée pour attaquer Médine. Ceci est une deuxième raison [de l’attaque menée contre Malik Ibn Nouwayrah] : il voulait attaquer Médine. La fausse prophétesse était nommée Sajah Bint Al-Harith : Oumm Sadir était son surnom.

Elle était une prêtresse arabe, l’une des rares prétendantes à la prophétie et chefs tribaux rebelles qui se sont soulevés en Arabie peu avant ou pendant l’apostasie. Sajah appartenait à la tribu Banou Tamim, et la lignée de sa mère remonte à la tribu des Banou Taghlib, dont la majorité [des membres] était chrétien. Sajah était elle-même chrétienne et avait une bonne connaissance du christianisme en raison de son appartenance tribale et de sa famille chrétienne. Elle était venue d’Irak avec ses partisans et avait l’intention d’attaquer Médine. Certains historiens disent que Sajah est entrée en Arabie suite à un complot des Persans afin de stabiliser le pouvoir déclinant de l’État persan. Sajah, influencée par ces facteurs, est entrée dans la péninsule arabique. Il était naturel qu’elle se joignît d’abord à sa tribu [d’origine], les Banou Tamim. Un groupe [au sein de cette tribu] était prêt à payer la Zakât et à obéir au Calife du Prophète d’Allah : mais un autre camp s’y opposait. Il y avait un tiers d’entre eux qui ne savait pas quoi faire. Ce désaccord a pris une telle ampleur que les Banou Tamim ont commencé à se battre entre eux. Pendant ce temps, ces tribus ont entendu la nouvelle de l’arrivée de Sajah et ont également appris que celle-ci avait l’intention de se rendre à Médine et de combattre les forces d’Abou Bakr. Ces divergences ont pris de l’ampleur. Sajah avançait avec l’intention de rencontrer soudainement les Banou Tamim avec sa grande armée et de les inviter à croire en elle et son annonce d’être prophétesse ; toute la tribu serait alors d’accord avec elle et les Banou Tamim, à l’instar d’Ouyaynah, commencerait à dire que la prophétesse des Banou Yarbou est meilleure que le prophète des Qouraych parce que Muhammad (s.a.w.) est mort et Sajah est vivante. Après cela, elle se rendrait à Médine avec les Banou Tamim.

Tel était son plan ; et après une bataille contre l’armée d’Abou Bakr, elle serait victorieuse et capturerait Médine.

Sajah et Malik Ibn Nouwayrah sont également entrés en contact l’un avec l’autre. Lorsque Sajah a atteint la frontière des Banou Yarbou avec son armée, elle y est demeurée et a invité Malik Ibn Nouwayrah, le chef de la tribu, à se joindre à elle pour se réconcilier et attaquer Médine. Malik a accepté l’invitation à se réconcilier mais lui a conseillé de s’abstenir d’envahir Médine : il a déclaré qu’il valait mieux anéantir l’ennemi au sein de sa tribu en premier avant de se rendre à Médine et combattre l’armée d’Abou Bakr. Sajah a apprécié cette suggestion et a déclaré : « Je suis une femme des Banou Yarbou et je ferai tout ce que tu diras. »

En sus de Malik, Sajah a invité d’autres chefs de Banou Tamim à la réconciliation mais personne hormis Waqi n’a accepté l’invitation. Sajah a donc attaqué les autres chefs, accompagnée de Malik [Ibn Nouwayrah], de Waqi et de son armée. Une bataille acharnée a eu lieu, bataille au cours de laquelle un grand nombre d’hommes dans les deux camps ont été tués et des membres de la même tribu se sont capturés ; mais au bout d’un moment Malik et Waqi ont compris qu’ils avaient commis une grave erreur en suivant cette femme. Ils se sont réconciliés avec les autres chefs et ont libéré leurs prisonniers respectifs. Ainsi la paix a été rétablie dans la tribu de Tamim.

Quand Sajah a constaté que sa tâche était ardue et qu’elle ne parviendrait pas à ses fins, elle a pris une partie des Banou Tamim et a marché vers Médine. Arrivée à Nibah, elle a livré bataille contre Aws Ibn Khouzaymah. Sajah a été vaincue et Aws Ibn Khouzaymah lui a permis de revenir à condition qu’elle n’avance pas vers Médine.

Après cet incident, les chefs de l’armée de la péninsule se sont rassemblés en un seul endroit et ont dit à Sajah : « Que nous ordonnes-tu de faire maintenant ? Malik et Waqi se sont réconciliés avec leur peuple. Ils ne veulent pas nous aider ni nous laisser traverser leur territoire. Nous avons également conclu cet accord avec ces gens-là et notre chemin vers Médine a été bloqué. Dis-nous maintenant ce que nous devons faire ? » Sajah a répondu : « Même si le chemin vers Médine est bloqué, il n’y a rien à craindre. Partez vers Yamamah : les gens de Yamamah nous ont surpassés en gloire et en pouvoir. La force de Mousaylimah a pris de l’ampleur. » Selon un récit, lorsque les chefs de son armée ont interrogé Sajah sur la prochaine étape, elle a répondu [en des phrases qui rimaient] :

علیکم بالیمامه دفوا دفیف الحمامة فانها غزوة صرامة لا یلحقکم بعد ملامه

« Partez vers Yamamah ! Sautez dessus comme une colombe. Il y aura une grande guerre là-bas après laquelle vous n’aurez plus jamais de regrets. »

Ayant entendu ces rimes – que l’armée croyait que la prétendue « prophétesse » avait reçu par la révélation – ils se sont dit qu’ils n’avaient d’autre choix que de lui obéir. Lorsque Sajah a atteint Yamamah avec son armée, Mousaylimah était fort inquiet. Il pensait que s’il se battait contre l’armée de Sajah, il allait s’affaiblir ; puis, l’armée islamique l’attaquerait et les tribus environnantes refuseraient de lui obéir. Ainsi donc, il a décidé de se réconcilier avec Sajah. Il lui a envoyé des cadeaux, puis il lui a exprimé son souhait de la rencontrer. Elle a permis à Mousaylimah de venir à sa rencontre. Mousaylimah est parti la rencontrer avec quarante hommes des Banou Hanifah et lui a parlé en privé ; dans cette conversation Mousaylma a récité des phrases qui rimaient à Sajah qui l’ont beaucoup impressionnée. Sajah a également récité des phrases similaires en réponse.

Afin de prendre Sajah entièrement sous son contrôle et de la rendre égale, Mousaylma a suggéré ceci : « Nous devrions comIbner nos prophéties et nous marier. » Sajah a accepté cette suggestion et s’est rendu dans le camp de Mousaylimah. Après y être restée trois jours, elle est retournée dans son armée et a dit à ses suivants qu’elle avait constaté que Mousaylimah a raison et que c’est pour cette raison qu’elle l’a épousé. Les gens lui ont demandé si Mousaylimah avait fixé un Mahr (dot offerte par l’époux à sa future mariée). Elle a répondu qu’il n’avait pas fixé de Mahr. Ils lui ont conseillé de repartir voir Mousaylimah et de fixer le Mahr car ce n’est pas ce n’est pas bien pour une personne de son rang de se marier sans Mahr. Elle est retournée donc chez Mousaylimah et l’a informé du but de sa visite. Mousaylimah a réduit les prières d’Icha et de Fajr pour elle. C’est-à-dire qu’il a aboli les prières d’Icha et de Fajr.

Ils ont décidé que Mousaylimah enverra la moitié de sa taxe foncière de Yamamah à Sajah. Sajah a exigé qu’il paie à l’avance la moitié des revenus de l’année prochaine. Sur ce, Mousaylimah lui a donné une part du revenu de la moitié de l’année : elle a pris cette somme pour retourner dans la péninsule arabique. Elle a laissé certains de ses hommes chez les Banou Hanifah pour récolter la moitié restante de l’année. Sajah a continué à vivre chez les Banou Taghlib. Plus tard, elle s’est repentie. Et d’après les récits, elle s’est convertie à l’islam. Selon certains, elle s’est convertie à l’islam à l’époque d’Oumar, jusqu’à ce que l’Emir Mou’awiyah l’envoie chez sa tribu les Banou Tamim durant l’année de la famine, où elle est restée musulmane jusqu’à sa mort.

Abou Bakr avait ordonné à Khalid Ibn Al-Walîd de partir combattre Malik Ibn Nouwayrah, qui séjournait à Boutah, après avoir fini avec Toulayhah Al-Asadi. Quand Khalid est arrivé à Boutah, il n’y a trouvé personne. Lorsque Malik a hésité à livrer bataille, il a envoyé ces compagnons pour surveiller ses biens et leur a interdit de se rassembler. Il s’est dit que le combat sera difficile. Il s’était peut-être déjà séparé de cette femme : c’est pour cette raison [qu’il a pris ces mesures.]

En tous les cas, Khalid a envoyé des troupes ici et là et leur a ordonné de prêcher l’islam partout où ils se rendaient, d’arrêter ceux qui n’y répondaient pas et de tuer ceux qui se battaient. L’un de ces détachements a arrêté Malik Ibn Nouwayrah, ainsi que certains des hommes des Banou Tha’labah Ibn Yarbou’, dont ‘Asim, Owayd, Arin et Ja’far et amenés à Khalid. Il y a eu un désaccord dans ce détachement au sein duquel se trouvait aussi Abou Qatadah. Selon un récit du père d’Ourwah, après cette campagne, ceux qui ont été arrêtés ont témoigné qu’en dépit d’avoir lancé l’appel à la prière et l’Iqamah et d’avoir accompli la Salât, les musulmans les ont arrêtés, mais d’autres ont dit que rien de tel ne s’est produit. Abou Qatadah a témoigné qu’ils ont lancé l’appel à la prière et l’Iqamah et qu’ils avaient accompli la Salât. En raison de cette différence dans les témoignages, Khalid a emprisonné ces individus.

Il existe deux types de récits concernant l’exécution de Malik Ibn Nouwayrah. Il est rapporté que Malik Ibn Nouwayrah a été tué. Selon un récit, il faisait un froid insupportable cette nuit-là. Quand il faisait de plus en plus froid, Khalid a ordonné qu’on annonce :

ادفعوا اسراکم

C’est-à-dire « Réchauffez vos captifs », c’est-à-dire protégez-les du froid. Or, l’idiome des Banou Kinana était différent. Le sens de cette phrase était [chez eux] de tuer les prisonniers. Les soldats ont compris le sens de cette phrase selon l’idiome local : cela signifiait que les prisonniers devaient être tués. Ils les ont donc tous tués. Dirar Ibn Al-Azwar a tué Malik ; et selon un autre récit, c’est ‘Abd Ibn Al-Azwar Al-Asadi qui a tué Malik. Mais Qalbi déclare que c’est Dirar Ibn Al-Azwar qui l’a tué. Lorsque Khalid a entendu tout le tumulte, il est sorti de sa tente, mais à ce moment-là, les soldats avaient tué tous les prisonniers. Il ne pouvait rien faire.

Il a déclaré : « L’œuvre qu’Allah souhaite accomplir, s’accomplit en fin de compte. »

Selon un autre récit, Khalid a appelé Malik Ibn Nouwayrah. Il l’a averti contre le fait de soutenir Sajah et de cesser de payer la Zakât. Il lui a dit : « Ne sais-tu pas que la Zakât est la compagne la Salât ? » C’est-à-dire qu’elles sont des commandements d’importance identique. « Or, tu as refusé de payer la Zakât. » Malik a répondu : « Telle était l’idée de votre compagnon. » C’est-à-dire qu’au lieu de dire que c’était l’idée du Prophète Muhammad (s.a.w.), il l’a appelé Sâhib ou compagnon – et non Rasoul. Khalid a demandé : « Est-il [seulement] notre maître et non ton maître ? » Puis il a ordonné : « Ô Zirar, décapite-le. » Sur ce, il l’a décapité. Ceci est un récit sur sa mort.

Selon le récit de Tawarikh, Abou Qatadah a parlé à Khalid à ce sujet et il y a eu une dispute entre les deux. En raison de ce différend, Abou Qatadah a quitté les rangs de l’armée pour se rendre chez Abou Bakr. Il s’est plaint que Khalid a tué Malik Ibn Nouwayrah tandis qu’il était musulman pour ensuite épouser sa femme. Les Arabes ne considraient pas un tel mariage comme une bonne chose durant la guerre. ‘Oumar a également fortement soutenu la position de Qatadah. Abou Bakr était très en colère contre Abou Qatadah parce qu’il avait quitté l’armée sans la permission de Khalid, le chef de l’armée. Il lui a ordonné de retourner dans les rangs de Khalid. Sur ce, Abou Qatada est retourné auprès de Khalid.

De plus amples détails à ce sujet sont mentionnés dans Le Târîkh d’Al-Tabari selon lequel ‘Oumar a dit à Abou Bakr : « Khalid est responsable du meurtre d’un musulman. Si cela ne peut pas être prouvé, le meurtre à quand même eu lieu et Khalid doit être emprisonné. » ‘Oumar a beaucoup insisté. Abou Bakr n’avait jamais emprisonné ses subalternes et officiers militaires. Il a déclaré : « Ô ‘Oumar ! Tais-toi. Khalid Ibn Al-Walîd a commis une erreur de jugement. Ne dis rien à son sujet. » Abou Bakr a payé le prix du sang de Malik. Abou Bakr a écrit une lettre à Khalid et lui a demandé de venir à Médine. Il est venu et a expliqué tout l’incident et s’est excusé. Abou Bakr a accepté ses excuses.

Un récit relate l’incident de la visite de Khalid à Médine. Khalid est revenu à Médine après cette expédition et est entré dans la mosquée du Prophète. ‘Oumar lui a dit : « Tu as tué un musulman et tu t’es emparé de sa femme. Par Dieu, je vais te lapider ! » Khalid n’a pas prononcé un mot à ce moment-là parce qu’il pensait qu’Abou Bakr avait la même opinion. Ils sont partis voir Abou Bakr. Il a raconté tout l’incident et s’est excusé. Abou Bakr a accepté ses excuses. Ayant obtenu l’agrément du Calife, il a quitté sa présence. ‘Oumar était assis dans la mosquée et Khalid lui a dit : « Ô fils d’Oumm Chamlah, viens vers moi. Qu’as-tu à dire ? » ‘Oumar a compris qu’Abou Bakr était satisfait de Khalid, d’où les propos de ce dernier. ‘Oumar s’est levé tranquillement et il est rentré chez lui et n’a pas parlé à Khalid.

Selon un autre récit, le frère de Malik, Moutammim Ibn Nouwayrah, est venu à Abou Bakr pour se venger de son frère et il a demandé que les prisonniers soient libérés. Abou Bakr a accepté sa demande de libération des prisonniers et a écrit l’ordre. Il a aussi payé le prix du sang. ‘Oumar (r.a.) a insisté auprès d’Abou Bakr (r.a.) de démettre Khalid (r.a.) de ses fonctions et a déclaré que son épée avait fait couler le sang de musulmans innocents.

Mais Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Ô Oumar ! Cela n’est pas possible. Je ne peux remettre dans son fourreau l’épée que Dieu a dégainée contre les mécréants. »

Étant donné qu’Abou Bakr avait payé le prix du sang et que la justice avait été établie selon la charia, aucune action supplémentaire n’était nécessaire. Sur ce, Abou Bakr a déclaré qu’il fallait fermer ce chapitre.

Shah Abdul Aziz Dehlavi a répondu à l’allégation concernant le meurtre de Malik Ibn Nouwayrah. Il déclare dans son livre Touhfa Ithna ‘Ashariya : « On n’a pas présenté l’interprétation exacte de ces faits. Tant qu’on ignore toutes les circonstances, l’objection n’a aucune importance. Les détails de cet incident dans les recueils de Sîrah et de l’histoire faisant autorité sont les suivants.

Lorsque Khalid avait terminé son expédition contre Toulayha Ibn Khouwaylid Al-Asadi, le faux prophète, il a tourné son attention vers la périphérie de Boutah. Il a envoyé des troupes sur la prériphérie et conformément aux instructions et à la méthode de l’Envoyé d’Allah (s.a.w), il leur a préconisé ce qui suit : « Si vous entendez l’appel à la prière d’une tribu ou d’un groupe, évitez toute tuerie là-bas. Si vous n’y entendez pas l’appel à la prière alors déclarez l’endroit Dar Al-Harb (zone de guerre) et effectuez-y une opération militaire complète. » Par coïncidence, il y avait aussi Abou Qatadah Al-Ansari dans ce groupe qui a capturé Malik Ibn Nouwayrah et l’a amené à Khalid.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui avait confié la chefferie de Boutah et la responsabilité de collecter l’aumône dans son entourage.

Abou Qatadah a témoigné qu’il avait entendu l’appel à la prière, mais un groupe du même contingent a déclaré qu’il ne l’avait pas entendu. Or, des sources sûres des environs avaient soutenu, preuves évidentes à l’appui, qu’en entendant la nouvelle de la disparition d’Allah (swt), la famille de Malik Ibn Nouwayrah a organisé une grande fête. Les femmes s’étaient parées les mains de henné, avaient joué du tambour et exprimé beaucoup de joie et de bonheur, se réjouissant du sort des musulmans.

Il y a un point supplémentaire à ce propos. Lors de la session de questions et réponses avec Malik Ibn Nouwayrah, il a prononcé à l’égard du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) des mots qu’utilisent les mécréants et les apostats. Notamment, Qâla Rajouloukoum ou Sâhiboukoum. A savoir, « C’est ce que votre homme ou votre partenaire a dit ».

En outre, en apprenant la nouvelle de la disparition de l’Envoyé d’Allah (s.a.w), Malik Ibn Nouwayrah avait également rendu à son peuple l’aumône reçue, disant que la mort de cet « individu » vous a libéré de cette difficulté. Vu ces circonstances et ayant entendu les propos de Malik Ibn Nouwayrah, Khalid était convaincu de son apostasie et il a ordonné son exécution. La nouvelle de cet incident est parvenue à Médine et Abou Qatadah y est retourné en colère et a déclaré Khalid coupable. Au début, ‘Oumar Al-Farouq était d’avis que le sang avait été versé injustement et que les représailles étaient obligatoires, mais Abou Bakr a convoqué Khalid et l’a interrogé sur tout l’incident. Toute l’affaire lui était claire. Il l’a l’acquitté et l’a rétabli à son poste antérieur.

Un autre écrivain a commenté sur l’exécution de Malik Ibn Nouwayrah. Il écrit qu’il y a de grandes contradictions dans les récits sur la mort de Malik Ibn Nouwayrah : était-il une victime innocente ou méritait-il d’être tué ? C’était l’orgueil, la fierté et l’hésitation de Malik Ibn Nouwayrah qui étaient les causes de sa mort. Il y avait en lui des traces d’ignorance, sinon après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il n’aurait pas hésité à obéir au Calife et à payer la Zakât.

Il écrit que selon moi, cet homme était en quête de pouvoir. De mêmes il était mécontent de ces chefs des Banou Tamim qui avaient accepté l’obéissance au Califat islamique et qui payaient leurs cotisations à l’Etat islamique.

Il était mécontent de ceux qui obéissaient au Califat et payaient la Zakât, etc. Ses paroles et ses actes appuient cette idée. Son apostasie et son soutien à Sajah, la distribution de chameaux de Zakât parmi son peuple, son refus de payer la Zakât à Abou Bakr, sa désobéissance aux conseils de ses proches musulmans concernant la rébellion et la désobéissance, tout cela prouve sa culpabilité et il est clair que cette personne était plus proche de la mécréance que de l’islam.

D’une part, il voulait être appelé musulman, et d’autre part, il était proche de l’incrédulité.

S’il n’y a pas d’autres preuves contre Malik Ibn Nouwayrah, son refus de payer la Zakât suffit pour prouver sa culpabilité.

Il est un fait bien connu parmi les premiers qu’il avait refusé de payer la ZakâtTabaqât Fouhoul al-Chou’arâ’, un livre d’Ibn ‘Abd al-Salam, soutient que Khalid a parlé à Malik et a tenté de le détourner de sa position, mais Malik n’a accepté d’accomplir que la Salât, refusant de payer la Zakât.

Selon l’exégèse du Sahîh Mouslim, l’Imam Al-Nawawi a déclaré à propos des apostats que certaines personnes voulaient payer la Zakât tout en accomplissant la Salât, mais les chefs les en ont empêchés.

Certains souhaitaient payer la Zakât – là où c’est obligatoire – tout en accomplissant la Salât, mais leurs chefs les en ont sempêchés et ont retenu leurs mains à l’instar des Banou Yarbou. Ils avaient récolté leur Zakât et avaient voulu l’envoyer à Abou Bakr mais Malik Ibn Nouwayrah les en ont empêchés et a distribué la Zakât parmi le peuple.

Abou Bakr a mené une enquête approfondie dans le cas de Malik Ibn Nouwayrah et il est parvenu à la conclusion que Khalid Ibn Al-Walîd était innocent de l’accusation du meurtre de Malik Ibn Nouwayrah. Abou Bakr était plus conscient des faits que d’autres à cet égard et avait un œil perspicace car il était le Calife ; et toutes les nouvelles lui parvenaient et sa foi était plus forte que celle des autres.

En traitant Khalid avec égards il a suivi la pratique de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) parce que celui-ci n’avait jamais enlevé la responsabilité à qui elle avait été confiée. Bien qu’il y ait eu des événements dont il n’était pas satisfait, [le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)] acceptait l’excuse [de Khalid] et disait : « Ne lésez pas Khalid. Il est l’une des épées d’Allah qu’Il a imposées aux mécréants. »

Une autre objection à cet égard est que Khalid avait épousé Oumm Tamim Bint Al-Minhal. L’objection concernant Khalid Ibn Al-Walîd est qu’il a épousé Layla Bint Al-Minhal pendant la guerre et n’a même pas attendu l’expiration de la période d’attente. Al-Tabari mentionne l’histoire de ce mariage en ces termes : Khalid avait épousé Oumm Tamim Bint Al-Minhal et l’avait quittée [pour attendre] la fin de la période d’attente après les règles, car les Arabes considéraient que pareil mariage avec les femmes en temps de bataille était mauvais et ridiculisaient ceux qui le faisaient.

Selon le ‘Allamah Ibn Kathir, Khalid a épousé Layla Bint Al-Minhal lorsqu’il lui était permis de le faire. Le ‘Allamah Ibn Khalqan écrit qu’Oumm Tamim a terminé sa période d’attente de trois mois. Ensuite, Khalid a demandé sa main en mariage et elle a accepté sa requête.

Shah Abdul Aziz Dehlavi écrit en réponse à cette objection qu’en fait cette histoire est fabriquée de toutes pièces parce qu’on n’en trouve mention dans aucun livre authentique ou fiable.

Ce récit est certes présent dans certains livres peu fiables mais la réponse s’y trouve également, notamment que Malik Ibn Nouwayrah avait divorcé de cette femme depuis longtemps.

On dit qu’elle était l’épouse de Malik Ibn Nouwayrah et que Khalid l’a tué et l’a épousé immédiatement. Il l’aurait tué parce qu’il voulait se marier avec elle. Mais selon les récits Malik Ibn Nouwayrah avait divorcé de cette femme depuis longtemps et l’avait séquestrée à la maison suite à une pratique du temps de l’ignorance. Le verset suivant du Saint Coran a été révélé pour mettre fin à cette pratique de l’époque de l’ignorance :

وَإِذَا طَلَّقْتُمُ النِّسَاءَ فَبَلَغْنَ أَجَلَهُنَّ فَلَا تَعْضُلُوهُنَّ

Lorsque vous divorcez des femmes et que leur ‘Iddah (période d’attente) est terminée, ne les retenez pas. La ‘Iddah de cette femme était terminée et le mariage était légal parce qu’elle était divorcée depuis longtemps et que Malik l’avait retenu à la maison.

Un autre écrivain dit ceci à propos du mariage de Khalid. Il déclare : « Le nom d’Oumm Tamim était Layla Bint Sinan Al-Minhal. Elle était l’épouse de Malik Ibn Nouwayrah. Il y avait de grands débats concernant son mariage avec Khalid. En bref, certaines personnes ont accusé Khalid d’être fasciné par la beauté d’Oumm Tamim et de tellement l’aimer qu’il ne pouvait pas patienter. Il l’aurait épousée dès qu’elle a été emprisonnée. Cela signifie qu’à Dieu ne plaise, ce n’était pas un mariage mais un adultère ; mais cette déclaration est une fabrication et un mensonge flagrant. On ne trouve pas de récits à ce propos dans les sources anciennes. Il n’y existe pas de preuves dans ces sources.

Le ‘Allamah Al-Mâwardi dit que Khalid a tué Malik Ibn Nouwayrah parce qu’il avait retenu le paiement de la Zakât, ce qui a rendu son exécution légale. De ce fait, son mariage avec Oumm Tamim a été annulé et la décision de la charia concernant les épouses d’apostats est que lorsqu’elles sont dans le Dâr Al-Harb, elles doivent être emprisonnées et non tuées, comme l’a souligné l’Imam Al-Sarakhsi.

Quand Oumm Tamim a été faite prisonnière, Khalid l’a choisie pour lui-même, et quand elle est devenue légale, il s’est marié avec elle.

Le Cheikh Ahmad Shakir explique que Khalid avait pris Oumm Tamim et son fils comme Milk Al-Yamin (possession) parce qu’ils étaient prisonniers de guerre et qu’il n’y a aucune ‘Iddah pour les femmes de cette catégorie. Si elle est enceinte, il est interdit à son maître de se rapprocher d’elle jusqu’à ce qu’elle accouche. Si elle n’est pas enceinte, il faudra attendre un cycle de menstruation. Ceci est légitime et il n’y a pas de place pour le ridicule. Mais les opposants et ennemis de Khalid ont saisi l’occasion et ont prétendu à tort que Malik Ibn Nouwayrah était musulman et que Khalid l’avait tué pour sa femme.

De même, on accuse Khalid de s’être opposé aux coutumes et traditions arabes par ce mariage. ‘Akkad déclare que Khalid a tué Malik Ibn Nouwayrah et a épousé sa femme sur un champ de bataille qui est contre la coutume des Arabes à l’époque de l’ignorance et de l’islam. C’est d’ailleurs une pratique contraire aux coutumes des musulmans et des règles de la loi islamique. Cette déclaration d’Akkad est loin de la vérité. À maintes reprises avant l’islam les Arabes épousaient des femmes [immédiatement] après les batailles et la victoire sur leurs ennemis et ils en étaient fiers.

Le Dr Ali Muhammad Salabi, qui a expliqué les points mentionnés précédemment, commente sur l’incident. Du point de vue de la charia, Khalid a fait un acte licite et a adopté une méthode permise. Cet acte est également établi par celui qui était meilleur que Khalid. Si l’on objecte en disant que Khalid s’est marié pendant ou immédiatement après la guerre, en ce cas l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait épousé Jawariya Bint Al-Harith immédiatement après la bataille de Mouraysî’et cela s’est avéré être une grande bénédiction pour sa tribu. Des centaines de membres de sa famille ont été libérées à cause de ce mariage, car ils sont devenus apparentés au Prophète (s.a.w.). L’un des effets bénis de ce mariage a été que son père Al-Harith Ibn Abi Dirar est devenu musulman.

De même, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a épousé Safiyya Bint Houyayy Ibn Akhtab immédiatement après la conquête de Khyber.

Étant donné l’exemple et la pratique du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il n’y a aucune raison de condamner Khalid sans aucune raison.

J’ai présenté ces détails parce que certaines personnes ignorantes soulèvent encore cette question aujourd’hui et condamnent Abou Bakr (r.a.), en disant qu’Oumar avait raison à ce sujet et qu’Abou Bakr (r.a.) n’avait pas fait preuve de justice, soutenant à tort Khalid Ibn Al-Walîd.

Or, Abou Bakr (r.a.) avait rendu son verdict après avoir examiné tous les détails et avait innocenté Khalid de toutes ces accusations.

Voici le récit concernant le départ de Khalid vers Yamamah : Abou Bakr avait ordonné à Khalid Ibn Al-Walîd de quitter la tribu d’Asad Ghatafan et Malik Ibn Nouwayrah et de se tourner vers Yamamah. Il avait mis beaucoup d’emphase sur cela.

Sharik Ibn ‘Abdah Al-Fazari raconte : « Je faisais partie de ceux ayant participé à la bataille de Bouzakha. Je me suis présenté à Abou Bakr et il m’a envoyé vers Khalid en portant une lettre qui lui était adressée dans laquelle il était écrit : « J’ai reçu ta lettre par ton messager, dans laquelle tu m’as informé de la victoire d’Allah lors de la bataille de Bouzakha et le traitement que tu as infligé aux tribus d’Asad et de Ghatafan. Tu m’as informé que tu te diriges vers Yamamah. Je te conseille de craindre Allah, le Seul et Unique, et d’être bon envers ces musulmans qui sont avec toi. Traite-les comme un père. Ô Khalid, prends garde, soit vigilant quant à l’arrogance et la fierté des Banou Moughira. Bien que je ne rejette jamais leur opinion, je n’ai pas accepté leur déclaration à ton sujet. Sois vigilant quand tu affronteras les Banou Hanifah. N’oublie pas que vous n’avez jamais affronté quelqu’un comme les Banou Hanifah. Ils sont tous contre vous et leur pays est très vaste. Quand vous entrerez sur leur territoire prends le commandement de l’armée. Nomme un commandant à l’aile droite et un autre à l’aile gauche et un autre pour les cavaliers. Prend également conseil auprès des grands Compagnons et des Mouhâjirîn et Ansâr qui sont avec toi et reconnais leur statut. Lance l’assaut contre l’ennemi lorsqu’il est prêt et aligné sur le champ de bataille. Flèche contre flèche, lance contre lance, épée contre épée. Prenez leurs prisonniers par l’épée. Terrifiez-les par les armes. Jetez-les au feu. Attention à ne pas désobéir à mes ordres. Que la paix soit avec toi. »

Lorsque cette lettre est parvenue à Khalid (r.a.), il l’a lue et a dit : « Nous entendons et nous obéirons à chaque commandement. » Khalid (r.a.) s’est préparé aux côtés des musulmans et il est parti combattre les Banou Hanifah (c’est-à-dire Musaylimah ou la tribu qu’il dirigeait). Thabit Ibn Qays Ibn Chammas a été nommé commandant des Ansâr. Quiconque parmi les apostats qu’ils rencontraient sur le chemin était sévèrement puni. Au même moment, Abou Bakr (r.a.) a envoyé une formidable armée, équipée des meilleures armes, afin de protéger l’arrière de l’armée de Khalid (r.a.), afin que personne ne puisse l’attaquer par l’arrière. Sur le chemin de Yamamah, Khalid (r.a.) rencontra de nombreuses tribus bédouines devenues apostates. Il les a combattues et les a ramenées dans le giron de l’islam. Sur le chemin, il a rencontré l’armée dispersée de Sajah et s’en est occupé, c’est-à-dire qu’il les a tués et en a fait une leçon. Il a ensuite lancé une attaque sur Yamamah. Je mentionnerai les détails sur la bataille de Yamama prochainement, Incha Allah.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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