Dans son sermon du 29 juillet 2022, Sa Sainteté le Calife a présenté les dernières batailles de la conquête de l’Irak.

Sermon du vendredi 29 juillet 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais les campagnes [militaires] menées à l’époque du Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.). Je compléterai aujourd’hui le récit des batailles restantes menées sous la direction de Khalid Ibn Al-Walîd (r.a) : il se peut que le sermon soit un peu plus long aujourd’hui, vu que je souhaite terminer ces récits.

La bataille d’Al-Hîrah eu lieu au cours du mois de Rabî’Al-Awwal au tout début de l’année 12 de l’Hégire. Khalid a quitté Amghichiyya pour se rendre à Al-Hîrah, un ancien centre chrétien sur les rives de l’Euphrate. Son chef à l’époque était un Persan. Il savait que l’armée de Khalid viendrait dans sa direction et il se prépara à livrer bataille. Il avait estimé que Khalid allait passer par le fleuve pour l’atteindre et qu’il utiliserait des bateaux.

Il a demandé à son fils d’endiguer l’eau de l’Euphrate afin d’enliser les bateaux de Khalid. Ce chef persan est sorti et a campé avec son armée à l’extérieur d’Al-Hîrah.

Khalid a quitté Amghichiyya en chargeant les bateaux de soldats, de bagages et de butins. Mais il a été des plus inquiets lorsque les embarcations se sont enlisées en raison du manque d’eau dans le fleuve. Les bateliers ont expliqué que les Persans avaient détourné l’eau de l’Euphrate en utilisant les digues, que l’eau était désormais en train de couler dans d’autres directions et que sans s’occuper des canaux, l’eau ne reviendrait pas dans leur direction. Sur ce, Khalid est parti avec un détachement de cavaliers vers le fils du gouverneur [persan]. En cours de route, il y a eu une escarmouche entre Khalid et une partie de l’armée persane. Khalid a lancé une attaque surprise quand les soldats ennemis étaient inattentifs. Il les a tous tués. Ensuite, il s’est avancé et il est tombé sur le fils du gouverneur d’Al-Hîrah qui contrôlait le détournement de l’eau de l’Euphrate. Il l’a attaqué par surprise et l’a tué, lui et son armée. Il a brisé la digue et a fait couler l’eau de nouveau dans le fleuve. Khalid est resté sur place pour gérer le travail jusqu’à ce que les bateaux puissent flotter de nouveau.

Ensuite, Khalid a réuni tous ses chefs et ils sont partis à Khawarnaq, une forteresse tout près d’Al-Hîrah. Quand le gouverneur [persan] a su qu’Ardachir, le roi persan, est mort et que son fils a été tué lors d’une bataille, il a pris la fuite en traversant l’Euphrate, sans livrer bataille.

En dépit de la fuite de leur gouverneur, les habitants d’Al-Hîrah n’ont pas perdu espoir et ils se sont retranchés dans leurs forteresses. Il y en avait quatre : ils se sont enfermés dans chacune et se sont préparés au combat. Khalid Ibn Al-Walîd a donc organisé le siège de ces forteresses. Dirar Ibn Al-Azwâr a assiégé la forteresse d’Al-Abyad, dans laquelle s’était réfugié ‘Iyas Ibn Qabisah At-Tâ’iyy. Dirar Ibn Al-Khattâb a assiégé la forteresse d’Al-Adasiyyin, dans laquelle s’était réfugié ‘Adiyy Ibn ‘Adiyy. Dirar Ibn Mouqrin a assiégé la forteresse des Banou Mazin, dans laquelle s’était réfugié Ibn Akal. Al-Mouthanna Ibn Harithah a assiégé la forteresse d’Ibn Bouqaylah, dans laquelle s’était réfugié ‘Amr Ibn ‘Abd Al-Masîh. Khalid Ibn Al-Walîd a émis cet ordre à ses commandants : « Invitez ces gens vers l’islam dans un premier temps. S’ils embrassent l’islam, acceptez leur conversion. S’ils rejettent cette invitation, donnez-leur un répit d’un jour. » Il leur a aussi enjoint de ne laisser aucun répit [supplémentaire] à l’ennemi mais de le combattre et de ne pas empêcher les musulmans de livrer bataille.

L’ennemi a opté pour le combat : ils ont commencé à envoyer des pierres sur les musulmans. Ces derniers leur ont envoyé des nuées de flèches et ont lancé l’assaut. Ils ont conquis les quartiers et les forteresses. Les prêtres ont lancé : « Ô gens des forteresses ! Vous êtes en train de nous tuer ! » Ils ont tenté d’attiser leur passion. Les gens de la forteresse ont lancé : « Ô Arabes ! Nous avons accepté une de vos conditions ! Cessez le combat ! »

Lorsqu’ils ont constaté que les musulmans remportaient la victoire, ils ont émis le souhait d’ouvrir les portes des forteresses. Les chefs de ces forteresses sont sortis. Khalid les a rencontrés séparément et les a blâmés pour leurs actions, en déclarant : « Malheur à vous ! Pourquoi avez-vous pris les armes contre nous ? Si vous êtes des Arabes, pourquoi combattre vos compatriotes ? Si vous êtes des Persans, croyez-vous pouvoir vaincre des personnes qui sont incomparables dans leur justice ? » Les chefs ont alors accepté de payer la Jizyah.

Khalid croyait que ces Arabes d’Irak accepteraient l’islam, étant donné qu’ils étaient des compatriotes. Mais à son étonnement, ils ont insisté qu’ils demeureront chrétiens.

En tout cas, Khalid a conclu un pacte entre les musulmans et les habitants d’Al-Hîrah. Le pacte se lit ainsi : « Au nom d’Allah, le Gracieux, le miséricordieux. Ceci l’alliance que Khalid a conclue avec ‘Adiyy Ibn ‘Adiyy et ‘Amr Ibn ‘Adiyy, ‘Amr Ibn ‘Abd al-Masîh, Ilyas Ibn Qabisah et Hîri Ibn Akal. Ces hommes sont les chefs du peuple d’Al-Hîrah, qui ont accepté ce traité avec Khalid en échange de 190 000 dirhams payables annuellement en tant que Jizyah pour assurer leur protection. »

C’est-à-dire, la Jizyah sera prélevée pour assurer la protection de la population locale.

« Celle-ci sera prélevée de ceux qui travaillent dans ce monde, y compris leurs moines et leurs prêtres, sauf pour ceux d’entre eux qui n’ont pas de travail, coupés de la vie mondaine ou l’ayant abandonné : Khalid promet qu’il les protégera. S’il ne les protège pas, alors ils n’ont aucune obligation jusqu’à ce qu’il les protège. S’ils sont coupables de trahison en acte ou autrement, ce pacte sera nul et non avenu. »

Ce pacte a été conclu au cours du mois de Rabî’Al-Awwal en l’an 12 de l’Hégire.

Ce texte a été remis aux habitants d’Al-Hîrah. Les habitants de Sawad ont apostasié après la mort d’Abou Bakr (r.a.) et ont transgressé l’accord. Ils ont sombré dans l’incroyance à l’instar des autres ; et les Perses ont repris le pouvoir sur les populations.

Lorsqu’Al-Mouthanna a de nouveau conquis Al-Hîrah au cours du califat d’Oumar, ils ont présenté le même accord, mais Al-Mouthanna l’a rejeté et leur en a imposé un autre. Lorsqu’Al-Mouthanna a été vaincu dans certains endroits – il a dû battre en retraite durant certaines batailles – les gens d’Al-Hîrah ont de nouveau rejoint les rangs des mécréants. Ils ont aidé les rebelles et violé l’accord.

Quand Sa’d a conquis Al-Hîrah, ses habitants ont voulu régler l’accord précédent. Sa’d leur a demandé de présenter l’un des deux accords, mais ils n’ont pas été en mesure de le faire. Alors, Sa’d leur a imposé l’impôt foncier et après avoir enquêté sur leur capacité financière, ils ont payé un tribut de 400 000 en sus des perles [qu’ils avaient offertes].

Après la conquête d’Al-Hîrah, Khalid a accompli la Salât de la victoire qui comprend huit rak’ats suivit d’un seul Salam. C’est-à-dire, il a accompli huit rak’ats d’affilée. Après avoir terminé, il a déclaré : « Lors de la bataille de Mou’tah, j’ai brisé neuf épées. Je n’ai jamais combattu avec une nation comme celle de la Perse. Et parmi les Persans, je n’ai combattu personne à l’instar des gens d’Al-Oulays. »

Les gens d’Al-Hîrah ont envoyé des cadeaux à Khalid, que celui-ci a envoyés au Calife Abou Bakr avec la bonne nouvelle de la victoire. Faisant montre d’une norme élevée de justice et d’équité, le Calife Abou Bakr (r.a.) a accepté tous ces cadeaux en tant que Jizyah. Il a écrit à Khalid : « Si ces cadeaux sont [déjà] inclus dans la Jizyah, tant mieux. Sinon, vous devez les y inclure et en déduire le surplus de la Jizyah. »

C’est-à-dire qu’il n’a pas accepté ces objets en guise de cadeau, mais comme Jizyah.

Les musulmans ont traité les populations locales d’Al-Hîrah avec grande indulgence. Voyant ce comportement, les propriétaires terriens et les nobles des alentours ont également accepté de payer la Jizyah et de se soumettre aux musulmans.

La victoire d’Al-Hîrah s’est avérée être d’une grande importance militaire. Cela a accru les espoirs des musulmans de la conquête de la Perse, car la ville d’Al-Hîrah était d’une grande importance géographique et culturelle en Irak et dans l’Empire perse. Le commandant en chef de l’armée islamique l’a désignée comme son centre et son quartier général, d’où il émettait ses ordres de rassemblement, de défense et de soutien aux forces islamiques. Il en a fait le centre de sa stratégie et de sa politique liée au traitement des prisonniers. Et de là, Khalid a nommé des fonctionnaires dans différentes provinces pour percevoir le tribut et la Jizyah. De même, il a affecté des commandants aux frontières pour les protéger de l’ennemi. Il est demeuré à Al-Hîrah et a commencé à rétablir l’ordre et la stabilité.

Les propriétaires terriens et les chefs ont su à propos de son traitement et se sont réconciliés avec lui. Quand ils ont vu que les musulmans remportaient la victoire, ils se sont réconciliés avec eux. Il n’y avait personne à Sawad en Irak et dans ses environs qui ne s’était pas réconcilié avec les musulmans ou qui n’avait pas conclu d’accord avec eux.

Khalid est demeuré à Al-Hîrah pendant un an et a visité ses régions supérieures et inférieures avant de partir pour la Syrie. Pendant ce temps, les Perses nommaient leurs rois et les déposaient.

Lorsque la situation en Irak est devenue favorable et qu’il n’y avait plus de menace entre Al-Hîrah et le Tigre en raison de la fin de la domination perse sur les territoires arabes, Khalid a décidé d’attaquer directement la Perse. Entre-temps, l’Etat persan avait l’attention ailleurs en raison de la mort d’Ardachir, le roi persan. Il y avait un vif désaccord entre les Persans concernant la sélection de son successeur. Profitant de cette opportunité, Khalid a écrit des lettres à leurs rois et nobles. Il leur a écrit : « Ceci est le message de Khalid Ibn Al-Walîd aux rois de la Perse. Toutes les louanges sont dues à Allah qui a brisé votre Etat. Votre stratégie a échoué. Il a créé la discorde en vous. Il a affaibli votre force. Il vous a enlevé votre richesse. Il a réduit en poussière votre domination et votre honneur. Acceptez l’islam quand vous recevrez ma lettre et vous serez en sécurité. Ou acceptez de payer la Jizyah en concluant un pacte. »

[En d’autres termes,] si vous n’acceptez pas l’islam, concluez un accord de paix et acceptez de payer la Jizyah.

« Si vous le faites, nous vous quitterons, vous et votre territoire, et irons ailleurs. Sinon, par Allah, en dehors de Qui il n’y a pas de dieu, je viendrai à vous avec une armée qui aime la mort autant que vous aimez la vie et qui désire l’au-delà plus que vous désirez ce monde. »

[Selon un autre rapport,] Khalid Ibn Al-Walîd a écrit ceci aux agents et aux nobles Persans :

« Ceci est la lettre de Khalid Ibn Al-Walîd à l’endroit des dirigeants et nobles de la Perse. Acceptez l’islam et vous serez en sécurité. Ou payez la Jizyah et nous serons alors responsables de votre sécurité. Sinon, sachez que je suis venu vous attaquer avec un peuple qui aime la mort autant que vous aimez le vin. »

La conquête d’Al-Hîrah a répondu en partie aux ambitions d’Abou Bakr (r.a.) sur la conquête de l’Irak et sa soumission à l’Empire islamique : ceci était le prélude à une attaque directe contre l’Iran. Khalid a accompli brillamment son devoir à cet égard et est arrivé à Al-Hîrah en peu de temps. Sa campagne contre l’Irak a commencé avec la bataille de Kazima au cours du mois de Mouharram en l’an 12 de l’Hégire et il a conquis Al-Hîrah au cours du mois de Rabî’Al-Awwal de la même année.

La bataille d’Al-‘Anbâr ou Dhât Al-‘Ouyoun a eu lieu en l’an 12 de l’Hégire. L’armée persane était campée à Al-‘Anbâr et à ‘Ayn Al-Tamr, tout près d’Al-Hîrah. Al-‘Anbâr est une ville près de Balkh. En langue arabe, Al-‘Anbâr signifie un entrepôt pour le grain et les marchandises : cette ville s’appelait Al-‘Anbâr car il y avait une abondance de nourriture et de boisson. ‘Ayn Al-Tamr est une ville à l’ouest de Koufa tout près d’Al-‘Anbâr. La présence de l’armée persane dans ces lieux a créé une menace sérieuse pour l’armée islamique. Si Khalid Ibn Al-Walîd était resté tranquillement assis à Al-Hîrah en pareilles circonstances et n’était pas sorti combattre les forces persanes, les musulmans auraient pu perdre la région d’Al-Hîrah, conquise au prix de grandes difficultés. Khalid Ibn Al-Walîd a ordonné à l’armée de se préparer. La situation étant maîtrisée à Al-Hîrah et dans ses environs et la paix étant rétablie, Khalid a nommé Al-Qa’qa’Ibn ‘Amr Al-Tamimi comme son adjoint à Al-Hîrah et est parti renforcer ‘Iyâd Ibn Ghanam. ‘Iyâd Ibn Ghanam a été envoyé par le Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) pour conquérir l’Irak depuis le nord et lui a ordonné de rencontrer Khalid Ibn Al-Walîd. Le commandant de l’armée persane d’Al-‘Anbâr était Chira Zaz, le chef de Sawad : en son temps, il était un Persan très intelligent, honorable et apprécié à la fois par les Arabes et les Persans.

Sawad est un lieu célèbre tout près de Mada’in. Les habitants d’Al-‘Anbâr se sont retranchés dans leur forteresse et ont creusé une tranchée tout autour et l’ont remplie d’eau. Cette tranchée était très proche du mur du fort. Si un musulman était proche d’elle, les soldats adverses stationnés sur les murs du fort forceraient le musulman à battre en retraite avec un tir nourri à l’arc. Telle était la situation quand Khalid est arrivé avec la partie avant de son armée. Il a fait un circuit autour de la tranchée, examinant les dispositions de défense du fort, et a fait un plan avec la perspicacité octroyée par Dieu. Khalid s’est rendu auprès de ses archers et en a sélectionné un millier qui étaient de très bons tireurs. Il leur a dit : « Je constate que ces gens ignorent complètement les principes de la guerre. Dirigez vos flèches uniquement vers leurs yeux et ne les frappez nulle part ailleurs. » Les archers ont tiré des flèches de concert et ce à plusieurs reprises. Ceci a eu pour résultat qu’environ un millier de soldats ennemis ont perdu leurs yeux ce jour-là. C’est pourquoi cette bataille est connue sous le nom de Dhât Al-‘Ouyoun, c’est-à-dire « la bataille des yeux ».

Les ennemis ont fait du bruit, disant que les habitants d’Al-‘Anbâr perdaient leurs yeux. Mais même en ces circonstances, le dirigeant d’Al-‘Anbâr a refusé de se rendre sans condition. Alors, Khalid Ibn Al-Walîd a emmené des chameaux faibles et fatigués de son armée au point le plus étroit de la tranchée. Ensuite, il a fait égorger les chameaux et les a jetés dans la tranchée et l’a comblée. Il a construit un pont avec ces animaux. Les musulmans et les polythéistes se faisaient désormais face dans la tranchée. Voyant cela, l’ennemi s’est retranché dans le fort. Chira Zaz, le dirigeant d’Al-‘Anbâr, a alors envoyé un message à Khalid Ibn Al-Walîd pour conclure un traité de paix et a demandé qu’il soit autorisé à partir de là avec une troupe de cavaliers sans aucun bagage, et de se rendre à sa demeure. Khalid Ibn Al-Walîd a accepté sa requête. Ces historiens et biographes qui accusent Khalid de brutalité et de tueries, doivent réfléchir ici. En dépit d’un conflit des plus brutaux et malgré le refus répété d’offres de paix, Khalid a prévalu sur l’ennemi. Quand ce dernier lui a demandé la permission de partir de là, Khalid lui a donné la permission d’emporter avec lui des provisions pour trois jours et ne l’a pas attaqué. Ceci est la réponse aux accusations qu’il était coupable de cruauté.

Chira Zaz s’est échappé et s’est rendu auprès de Bahman Jadouyeh et l’a informé des événements. Bahman a réprimandé Chira Zaz. Celui-ci a déclaré : « J’étais parmi des gens dépourvus de raison, d’origine arabe. » Ce n’était pas une référence aux musulmans, mais aux tribus arabes des gens d’Al-‘Anbâr qui étaient des ignorants. Chira Zaz a déclaré : « J’ai entendu dire que les musulmans nous attaquent sans se soucier de leur vie. Quand une nation agit sans se soucier de sa vie, la victoire lui revient de fait. Quand ils ont combattu notre armée, ils ont crevé mille [paires d’]yeux des soldats de notre fort. J’ai compris qu’il valait mieux conclure un traité de paix. »

Khalid Ibn Al-Walîd et tous les musulmans étaient satisfaits de la situation d’Al-‘Anbâr et tous ses habitants sont sortis sans crainte. Khalid Ibn Al-Walîd a vu que ces gens lisaient et écrivaient la langue arabe.

Khalid leur a demandé qui ils étaient. Ils ont répondu : « Nous sommes des Arabes ; et nous sommes venus ici auprès des Arabes qui s’étaient installés ici avant nous. Ils sont venus en premier sous le règne de Nabuchodonosor, quand il a permis aux Arabes de s’y installer. Khalid leur a demandé : « Qui vous a appris à écrire ? » Ils ont répondu : « La tribu arabe des Banou Iyat. » Par la suite, Khalid a également conclu un traité de paix avec les gens d’Al-’Anbâr.

La bataille d’Ayn Al-Tamr a eu lieu au cours de l’an 12 de l’Hégire. Ayant conquis Al-‘Anbâr qui est passée sous son contrôle, Khalid s’est tourné vers ‘Ayn Al-Tamr, sa région voisine, située à la lisière du désert entre l’Irak et le désert syrien. Il leur a fallu trois jours pour atteindre ‘Ayn Al-Tamr depuis Al-‘Anbâr. Du côté persan, le dirigeant était Mehran, fils de Bahzam : il s’y trouvait avec une grande armée de Persans. Outre l’armée persane, il y avait aussi diverses tribus bédouines d’Arabie, dont le chef était ‘Aqqa Ibn Abi ‘Aqqa. Quand ils ont entendu parler de Khalid, ‘Aqqa a dit à Mehran : « Les Arabes savent combattre les Arabes. Laissez-nous avec Khalid ! » Il se targuait de pouvoir le battre. Mehran a dit : « Tu as raison de dire que vous savez combattre les Arabes, tout comme nous savons combattre les Persans. »

Ainsi, il a trompé ‘Aqqa et s’est sorti d’affaire à travers lui. Il a dit : « Combattez Khalid. Si vous avez besoin de nous, nous vous aiderons. » Quand ‘Aqqa est allé combattre Khalid, les Persans, usant d’un langage très dur à propos d’Aqqa, ont dit à Mehran : « Qu’est-ce qui t’a poussé à lui parler ? » Il a déclaré : « Laissez-moi ! Je voulu ce qui est meilleur pour vous et pire pour les musulmans. Khalid est en effet celui qui a tué vos rois et il vient vers vous. En effet, il est un grand commandant et il a piétiné votre gloire. J’ai utilisé ‘Aqqa comme bouclier contre eux. Si les Arabes sont victorieux contre Khalid, cette victoire sera la vôtre. Si le contraire se produit, vous irez contre les musulmans lorsqu’ils seront affaiblis. Nous les combattrons quand nous serons forts et ils seront faibles. »

En entendant cela, ils ont reconnu la supériorité de l’opinion de Mehran. Mehran est resté à ‘Ayn Al-Tamr et ‘Aqqa s’est arrêté sur le chemin pour rencontrer Khalid. ‘Aqqa était en train d’organiser les rangs de son armée lorsque Khalid l’a attaqué et l’a capturé. Son armée a été vaincue et s’est enfuie sans combat. La plupart des fuyards ont été capturés. Mehran s’est enfui avec son armée lorsqu’il a reçu cette nouvelle et ils ont abandonné le fort. Les soldats vaincus s’y sont réfugiés et Khalid les a assiégés ; ils ont demandé la paix à Khalid, mais celui-ci a refusé. Ils se sont rendus, acceptant sa décision. Il les a faits prisonniers et a tué ‘Aqqa et tous ceux qui étaient avec lui dans la bataille contre les musulmans et a emprisonné ceux qui étaient dans le fort. Les biens dans le fort ont été pris comme butin. Il a trouvé quarante garçons dans leur congrégation qui avaient été pris en otage par les chrétiens. La plupart de ces garçons étaient d’origine arabe ; ils sont importants dans l’histoire islamique car leurs descendants comprennent de grandes personnalités qui ont laissé des traces profondes et indélébiles sur l’histoire de cette époque et de l’ère suivante. Parmi ces jeunes se trouvaient Sirin, le père de Muhammad Ibn Sirin, Nousayr ; le père de Mousa Ibn Nousayr ; et Hamran, l’esclave affranchi d’Outhman. Sirin était originaire d’Irak et a été capturé lors de la bataille d’Ayn Al-Tamr. Il est devenu l’esclave d’Anas Ibn Malik. Il était un grand artisan. Il a obtenu sa liberté en concluant un contrat d’affranchissement avec Anas. Son fils était Muhammad Ibn Sirin, qui était un célèbre Tâbi’i, érudit dans les domaines du Tafsir, du Hadith, du Fiqh et de l’interprétation des rêves.

Muhammad Ibn Sirin était en effet le fils de Sirin qui a été fait prisonnier lors de la bataille et qui a ensuite obtenu sa liberté.

Nousayr était le père de Mousa Ibn Nousayr : il était l’un des prisonniers des Banou Oumayyah. Un individu des Banou Oumayyah l’avait libéré. Nousayr est devenu célèbre en raison de son fils Mousa. Mousa Ibn Nousayr s’est fait une renommée en Afrique du Nord et a joué un rôle majeur dans l’établissement de l’Etat islamique en Espagne avec Tariq Ibn Ziyad.

Hamran Ibn Aban était également parmi les prisonniers de la bataille d’Ayn Al-Tamr. Il était un juif qui s’était converti à l’islam. Le Calife ‘Outhman l’a libéré. ‘Outhman était très proche de lui. En 41 de l’Hégire, il est devenu le dirigeant de Bassorah pendant quelque temps. Il s’est ensuite fait un grand nom au cours du règne des Banou Oumayyah.

Khalid a envoyé la bonne nouvelle de la victoire et la part du Khoums au Calife Abou Bakr (r.a.). Après la victoire d’Al-‘Anbâr et d’Ayn Al-Tamr, Khalid a envoyé Al-Walîd Ibn ‘Ouqbah auprès du Calife Abou Bakr (r.a.) avec la bonne nouvelle de la victoire. Il a atteint Médine et l’a informé de toute la situation et lui a dit que Khalid a quitté Al-Hîrah en ignorant les ordres du Calife et s’est rendu à Al-’Anbâr et Ayn Al-Tamr, car cela faisait un an qu’il n’avait pas bougé d’Al-Hîrah.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) lui avait donné des instructions d’attendre à Al-Hîrah. Mais Khalid pensait qu’il était mieux de bouger en raison des circonstances. D’ailleurs, on ignorait quand ‘Iyad serait libéré de Doumat Al-Jandal pour se rendre à Al-Hîrah et aider Khalid. ‘Iyad avait pris du retard et ne bougeait pas. Abou Bakr (r.a.) s’était également lassé de la lenteur d’Iyad et pensait qu’il démoralisait les musulmans. Si l’ennemi avait obtenu des informations sur les exploits de Khalid en Irak, il aurait profité de la faiblesse d’Iyad pour infliger de lourdes pertes aux musulmans.

La bataille de Doumat Al-Jandal a également eu lieu en l’an 12 de l’Hégire. Doumat Al-Jandal est une ville située à cinq nuits de voyage de Damas et à quinze nuits de Médine, selon les moyens de déplacement de l’époque. Il s’agit de la ville syrienne la plus proche de Médine. ‘Iyad Ibn Ghanam, envoyé par le Calife Abou Bakr (r.a.) à Douma, a fait face à la résistance de l’ennemi sur une longue durée. Il n’a donc pas pu rencontrer Khalid. Khalid a envoyé Al-Walîd Ibn ‘Ouqbah pour présenter au Calife Abou Bakr (r.a.) la nouvelle de la victoire d’Ayn Al-Tamr.

S’inquiétant du sort d’Iyad, le Calife Abou Bakr (r.a.) a envoyé Al-Walîd Ibn ‘Ouqbah pour l’aider. Quand Al-Walîd Ibn ‘Ouqbah a atteint ‘Iyad, il a constaté que celui-ci avait bloqué l’ennemi et que l’ennemi l’avait également bloqué et lui barrait la route. Al-Walîd Ibn ‘Ouqbah a dit à ‘Iyad : « Parfois un mot de sagesse est plus efficace que le grand nombre de l’armée. Veuillez envoyer un messager à Khalid Ibn Al-Walîd pour lui demander de l’aide. » ‘Iyad n’avait d’autre choix que d’accepter les conseils d’Al-Walîd car cela faisait un an qu’il était à Doumat Al-Jandal et il n’y avait toujours aucun signe de victoire. ‘Iyad a suivi le conseil d’Al-Walîd. Quand son messager a atteint Khalid pour demander de l’aide, celui-ci avait déjà conquis ‘Ayn Al-Tamr.

Il a donné une courte lettre à ‘Iyad et a renvoyé le messager immédiatement afin d’atténuer ses soucis. Il disait dans la lettre : « Veuillez patienter. Des montures portant des lions viennent vers vous avec les épées étincelantes. Des légions viennent à vous. »

Voici le récit du départ de Khalid Ibn Al-Walîd pour Doumat Al-Jandal. Après la conquête d’Ayn Al-Tamr, Khalid a nommé ‘Ouwaym Ibn Kahl Al-Aslami comme son adjoint et a pris son armée qui était à ‘Ayn Al-Tamr pour se rendre à Doumat Al-Jandal. Khalid Ibn Al-Walîd a parcouru cette distance de trois cents miles en moins de dix jours. Les habitants de Douma ont appris la nouvelle de l’arrivée de Khalid et ont appelé leurs tribus alliées à l’aide. Ces tribus, ainsi que d’autres, sont arrivées à Doumat Al-Jandal et leur nombre était bien plus élevé que lorsqu’Iyad était venu un an auparavant pour les réprimer. L’armée ennemie à Doumat Al-Jandal était divisée en deux parties et disposait de deux commandants : Ouqaydir Ibn ‘Abdil Malik et Joudi Ibn Rabi’ah. Quand ils ont appris la nouvelle de l’arrivée de Khalid, un différend a éclaté entre eux. Ouqaydir a dit : « Je connais très bien Khalid. Il n’y a personne de plus fortuné que lui et personne de plus capable que lui au combat. Tous ceux qui combattent Khalid, qu’ils soient nombreux ou pas, sont définitivement vaincus. Suivez mes conseils et faites la paix avec ces gens. » Mais quand les autres ont refusé, Ouqaydir a déclaré : « Je ne peux pas vous soutenir contre Khalid. Faites ce que bon vous semble. »

Ayant dit cela, Ouqaydir est parti de là. Khalid a eu vent de leur différend. Il a envoyé ‘Asim Ibn ‘Amr pour barrer la route à Ouqaydir. Il n’a pas conclu de trêve mais est parti de là-bas pour retourner dans sa région. ‘Asim a rattrapé Ouqaydir qui lui a dit : « Emmène-moi auprès de Khalid, votre chef. » Khalid a tué Ouqaydir quand il lui a été présenté et il a saisi tous ses biens. La question est de savoir pourquoi il a tué un prisonnier. Pourquoi a-t-il tué Ouqaydir après l’avoir emprisonné ? Le Messager d’Allah (s.a.w.) avait envoyé Khalid chez Ouqaydir lors de la bataille de Tabouk. Il l’avait emprisonné et présenté au Messager d’Allah (s.a.w.). L’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’avait libéré par compassion et avait signé un traité avec lui. Or, Ouqaydir avait violé ce traité et s’était rebellé contre l’Etat de Médine.

Quand Ouqaydir a appris la nouvelle de la venue de Khalid à Doumat Al-Jandal, il a quitté sa tribu et est parti. Khalid a su à son sujet sur le chemin de Doumat Al-Jandal – comme relaté plus tôt – et il a envoyé ‘Asim Ibn ‘Amr pour l’arrêter. Il l’a arrêté et a ordonné son exécution en raison de sa trahison précédente. Ainsi, Allah l’a détruit à cause de sa trahison et de sa perfidie.

Selon d’autres récits, Ouqaydir a été emprisonné et envoyé à Médine : il a été libéré sous le règne du Calife ‘Oumar. Il s’est rendu en Irak depuis Médine. Il est demeuré à Douma, un lieu d’Ayn Al-Tamr, et y est resté jusqu’à la fin. Ce sont là deux récits à son propos.

Voici le rapport des combats contre les habitants de Douma. Khalid s’est avancé et a atteint Douma. Khalid a cerné Douma entre son armée et celle d’Iyad. Les Arabes chrétiens qui venaient en aide aux habitants de Douma étaient à l’extérieur de la forteresse car il n’y avait pas de place pour eux à l’intérieur. Khalid a aligné ses soldats quand les chefs de Douma sont sortis de la forteresse pour l’attaquer. Une bataille féroce a éclaté entre les deux armées et finalement Khalid et ‘Iyad ont pu vaincre leurs adversaires. Khalid a arrêté les chefs Joudi et Aqra’Ibn Habis Wadi’ah, qui était le chef de la tribu de Kalb. Le reste de l’ennemi s’est retiré et a fermé le fort, mais il n’y avait pas assez d’espace à l’intérieur. Lorsque le fort était plein, ceux qui étaient à l’intérieur ont fermé la porte laissant de nombreuses personnes errer çà et là dans la confusion à l’extérieur. ‘Asim Ibn ‘Amr a dit : « Ô Banou Tamim ! Aidez vos alliés, les Kalb, et offrez-leur un abri car vous n’aurez plus jamais une telle opportunité de les aider. » En entendant cela, les Banou Tamim les ont aidés. Ce jour-là, la vie de la tribu Kalb a été sauvée grâce à la protection d’Asim.

Khalid a poursuivi les fuyards vers le fort et a tué tant d’hommes que la porte du fort a été bloquée par leurs cadavres. Joudi et le reste des prisonniers ont été tués. Seuls les prisonniers de la tribu de Kalb ont été épargnés, car ‘Asim, Aqra’et les Banou Tamim leur avaient donné leur protection. Khalid a tourné devant la porte du fort avant de finalement la défoncer et de prendre le fort. Les musulmans y sont entrés.

Les guerriers à l’intérieur ont été tués et les jeunes ont été faits prisonniers. Après la victoire, Khalid a ordonné à Aqra’Ibn Habis de retourner à Al-‘Anbâr ; il est quant à lui resté à Doumat Al-Jandal. La conquête de Doumat Al-Jandal a offert aux musulmans une position très stratégique car c’était situé à un carrefour d’où partaient des routes importantes dans trois directions : vers la péninsule arabique au sud, l’Irak au nord-est et la Syrie au nord-ouest. Tout naturellement, cette ville méritait l’attention d’Abou Bakr (r.a.) et celle de son armée, qui était stationnée en Irak et aux frontières de la Syrie. C’est la raison pour laquelle ‘Iyad n’a pas quitté Doumat Al-Jandal mais y est demeuré et a attendu que Khalid y parvienne. Si Doumat Al-Jandal ne passait pas sous le contrôle des musulmans, les armées musulmanes en Irak seraient confrontées à des dangers.

Il y a eu les batailles de Housayd et de Khanafis. Housayd est une petite vallée entre Koufa et la Syrie. Khanafis est un lieu près d’Al-‘Anbâr du côté irakien. Khalid Ibn Al-Walîd était à Doumat Al-Jandal quand les Persans complotaient contre lui et les musulmans.

Les Arabes de péninsule avaient conspiré avec les Persans pour venger la mort d’Aqqa. Zarmahr et Rouzbeh sont partis de Baghdâd vers Al-‘Anbâr et ont tous deux promis de se rencontrer à Housayd et Khanafis. Al-Qa’qa’Ibn ‘Amr, l’adjoint de Khalid Ibn Al-Walîd à Al-Hîrah, a entendu cette nouvelle : sur ce, il a ordonné à ‘Abid Ibn Al-Fadaki de se rendre à Housayd et il a envoyé ‘Ourwah Ibn Ja’d à Khanafis.

Khalid Ibn Al-Walîd est revenu de Douma à Al-Hîrah et il a également appris la nouvelle. Il avait l’intention d’attaquer Mada’in, mais lorsqu’il a appris ces événements, il a envoyé Al-Qa’qa’Ibn ‘Amr et Abou Layla combattre Rouzbeh et Zarmahr. Khalid Ibn Al-Walîd a reçu une lettre d’Imra’Al-Qays Al-Kalbi. Il était l’agent de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) au sein des tribus de Khouza’a et de Kalb, deux tribus qui étaient demeurées fidèles à l’islam au cours du califat d’Abou Bakr (r.a.). Khalid a reçu la lettre l’informant que Houdhayl Ibn ‘Imran avait rassemblé des troupes à Mousayyikh et que Rabi’ah Ibn Boujayr en avait fait de même à Al-Thani et Al-Bichr. Pour assouvir leur vengeance suite à la mort d’Aqqa’, ils se sont rendus auprès de Rouzbeh et Zarmahr. Dès qu’il l’a su, Khalid Ibn Al-Walîd a nommé ‘Iyad Ibn Ghanam comme son adjoint à Al-Hîrah et ensuite il est parti de là. Il a pris la même route qu’Al-Qa’qa’et Abou Layla vers Khanafis. Il les a rencontrés tous les deux à ‘Ayn Al-Tamr. Sur place, Khalid a nommé Al-Qa’qa’commandant de l’armée et l’a envoyé vers Ousayd. Il a expédié Abou Layla à Khanafis, lui ordonnant d’encercler l’ennemi et leurs instigateurs et de les rassembler en un seul lieu. S’ils ne se rassemblaient pas, il fallait les attaquer dans l’état où ils se trouvaient. Ayant constaté que Zarmahr et Rouzbeh ne faisaient aucun mouvement, Al-Qa’qa’s’est avancé vers Housayd.

Le chef des armées arabes et persanes de ce côté était Rouzbeh. Quand il a vu Al-Qa’qa’s’approcher lui, il a appelé Zarmahr à l’aide. Zarmahr a donné la charge de son armée à son adjoint et il est parti au secours de Rouzbeh. Les deux belligérants se sont battus à Housayd. C’était une bataille féroce. Allah a éliminé un grand nombre de Persans. Al-Qa’qa’a tué Zarmahr ; et Rouzbeh a également été tué. Beaucoup de butin est tombé aux mains des musulmans lors de cette bataille. Les fugitifs de Housayd se sont rassemblés à Khanafis. Abou Layla s’est dirigé vers Khanafis avec son armée et les renforts qu’il avait reçus. L’armée vaincue de Housayd est allée rejoindre l’adjoint de Zarmahr. Lorsqu’il apprit l’arrivée des musulmans, il a quitté Khanafis et s’est enfui à Mousayyikh avec les autres. Houdhayl était le commandant là-bas. Abou Layla n’a rencontré aucune difficulté à avoir la victoire à Khanafis. L’information de toutes ces victoires a été envoyée à Khalid Ibn Al-Walîd.

Voici les détails concernant la bataille de Mousayyikh. Khalid Ibn Al-Walîd a reçu la nouvelle de la fuite des gens de Housayd et de Khanafis. Sur ce, il a écrit une lettre à Al-Qa’qa’, Abou Layla, ‘Awad et ‘Ourwah, dans laquelle il a fixé avec eux un rendez-vous nocturne à Mousayyikh. Mousayyikh est situé entre Khoran et Kald. Khoran est une vaste zone près de Damas où il y a de nombreux hameaux et champs. Khalid Ibn Al-Walîd a quitté ‘Ayn Al-Tamr pour se diriger vers Mousayyikh. Le soir désigné, à l’heure convenue, lui et ses officiers ont immédiatement attaqué Mousayyikh. Ils ont attaqué Houdhayl, son armée et les rescapés sur trois côtés. Houdhayl s’est échappé avec quelques individus. Au cours de cette bataille, deux musulmans qui vivaient à Mousayyikh ont été tués par l’armée islamique et qui avaient reçu la garantie de protection accordé par Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.). Quand le Calife Abou Bakr Siddiq (r.a.) a reçu la nouvelle de leur mort, il a payé leur prix de sang. ‘Oumar (r.a.) a insisté pour que Khalid Ibn Al-Walîd soit puni pour son acte. ‘Oumar (r.a.) était très en colère du fait que des musulmans aient été tués. Mais le Calife Abou Bakr (r.a.) a déclaré qu’il est tout à fait possible que les musulmans vivant en terre ennemie soient des victimes de pareils accidents. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a émis des directives sur le soin des enfants des défunts.

Voici ce qui s’est passé à Al-Thani et Al-Zoumayl. Al-Zoumayl est un lieu aussi connu comme Al-Bichr et se trouve tout près de Al-Thani. ‘Aqqa avait été tué lors de la bataille d’Ayn Al-Tamr. Rabi’ah Ibn Boujayr a pris son armée et est descendu à Al-Thani et Al-Bichr pour venger la mort d’Aqqa tué lors de la bataille d’Ayn Al-Tamr. Ayant mené la bataille de Mousayyikh, Khalid a envoyé Al-Qa’qa’et Abou Layla avant lui. Il a fixé la nuit de l’attaque contre l’ennemi, une attaque qui serait lancée de trois directions différentes. Par la suite, Khalid s’est rendu à Al-Zoumayl de Mousayyikh en passant par différents endroits. Khalid est parti d’Al-Thani, où ses deux compagnons l’ont également rejoint. Les trois ont attaqué l’armée de Rabi’ah des trois côtés pendant la nuit, ceux qui s’étaient splendidement rassemblés pour combattre. Il les a anéantis de telle manière qu’aucun soldat ennemi ne pouvait s’enfuir et rapporter les nouvelles aux autres. Leurs femmes ont été capturées. Le Khoums pour le Bayt Al-Mâl a été envoyé au Calife Abou Bakr (r.a.) et le reste du butin a été distribué au sein de l’armée musulmane.

Houdhayl, vaincu au cours de la bataille de Mousayyikh, avait rejoint l’armée de Rabi’ah Ibn Boujayr comme promis. Il s’est enfui de nouveau et s’est réfugié à Al-Zoumayl après d’Attab qui séjournait à Al-Bichr avec une grande armée. Avant que la nouvelle de la mort de Rabi’ah ne lui parvienne, Khalid l’a attaqué de trois côtés. Beaucoup ont été tués et les musulmans ont récolté de grands butins. Khalid a distribué le butin parmi les musulmans. Il a envoyé le Khoums au Calife Abou Bakr (r.a.).

Khalid s’est tourné vers Rozab, un lieu situé près de Al-Bichr. Hilal Ibn ‘Aqqa en était le commandant ennemi. Lorsque son armée a eu la nouvelle de l’arrivée de Khalid, elle s’est séparée de lui. Hilal a été contraint de fuir de là et les musulmans ont capturé Rozab sans aucune difficulté.

Il y a eu la bataille de Firaz, un lieu situé entre Bassorah et Al-Yamamah. Les routes de la Syrie, de l’Irak et de la péninsule arabique s’y rencontrent. Cette bataille a eu lieu entre les musulmans et les Byzantins à Firaz en l’an 12 de l’Hégire, au cours du mois de Dhou’l-Qa’dah. Par conséquent, elle est connue comme la bataille de Firaz. Khalid Ibn Al-Walîd a capturé Rozab et est arrivé à Firaz. Au cours de ce voyage, Khalid a dû faire face à de nombreuses escarmouches. Khalid n’a pas pu jeûner, même pendant le Ramadan. La nouvelle des attaques surprises de Khalid et de la résistance des tribus s’était répandue dans tout l’Irak. Toutes les tribus vivant dans le désert étaient terrifiées. Elles ont conclu qu’elles ne seront en paix qu’en se soumettant aux musulmans et en acceptant leur obéir. Khalid Ibn Al-Walîd et ses troupes ont commencé à avancer vers les régions du nord le long du fleuve Euphrate ; et là où il passait, les habitants ont conclu des pactes avec lui et ont accepté de lui obéir. Khalid a finalement atteint Firaz où la Syrie partageait les frontières avec l’Irak et la péninsule arabique. Firaz est situé à l’extrême nord de l’Irak et de la Syrie. Si ‘Iyad Ibn Ghanam avait été chanceux et s’il avait conquis Doumat Al-Jandal plus tôt, Khalid n’y serait probablement pas parvenu, car l’intention du Calife Abou Bakr (r.a.) n’était pas de conquérir tout l’Irak et la Syrie. Il voulait seulement que la paix et l’ordre soient établis aux frontières de ces deux pays jouxtant l’Arabie et que les Persans et les Byzantins ne puissent pas attaquer l’Arabie de cette direction. Mais Allah souhaitait que ces deux royaumes tombent complément entre les mains des musulmans. Il a donc créé de telles conditions poussant Khalid à l’extrême nord pour soumettre les tribus irakiennes et a ainsi ouvert la voie aux musulmans pour attaquer la Syrie par le nord.

L’ouverture de la voie pour attaquer les Byzantins depuis les frontières persanes était un miracle que même le Calife Abou Bakr (r.a.) ne pouvait pas imaginer. Cet exploit a été accompli par un homme unique ; son pareil n’a été engendré par aucune autre femme arabe ou persane, comme l’avait dit le Calife Abou Bakr (r.a.).

Khalid a dû rester à Firaz pendant un mois entier. Ici aussi, il a fait preuve d’un courage et d’une détermination uniques. Il était encerclé par l’ennemi de toutes parts. À l’est se trouvaient les Persans assoiffés de son sang. À l’ouest, Byzantins pensaient que si l’armée de Khalid n’était pas détruite en ces instants-là, ils ne pourraient pas en arrêter le flot. La seule barrière entre les Byzantins et les musulmans était l’Euphrate. En sus de ces deux empires, les tribus bédouines, dont les éminents chefs avaient été tués par Khalid, brûlaient d’un feu sans fin de vengeance. Khalid n’ignorait pas cette situation critique. S’il l’avait voulu, il aurait pu retourner à Al-Hîrah pour accroître ses forces et partir affronter les Byzantins. Il ne l’a pas fait, car il était impossible pour Khalid de se retenir quand l’ennemi était face à lui. Telle était sa nature.

À ses yeux, les Persans ou les Bédouins méritaient tous d’être conquis. Il ne s’était jamais soucié à propos de leurs grandes armées et n’était pas enclin à s’en soucier à l’avenir. Il s’est engagé tout sereinement dans les préparatifs de la bataille. Pendant ce temps, les Byzantins n’étaient pas encore entrés en contact avec Khalid et ignoraient l’intensité de son attaque. Les forces islamiques se sont rassemblées à Firaz et ont campé devant eux pendant près d’un mois. Cela les a rendus furieux et ils ont demandé de l’aide aux postes persans les plus proches.

Les Persans étaient heureux d’aider les Byzantins car les musulmans les avaient humiliés et réduit à néant leur gloire. Outre les Persans, les tribus arabes de Taghlib, Iyad et Nimr ont également apporté leur plein soutien aux Byzantins car ils n’ont pas oublié la mort de leurs chefs et nobles. Ainsi, une immense armée de Byzantins, de Persans et de tribus arabes est partie combattre les musulmans. En atteignant le fleuve Euphrate, ils ont envoyé un message aux musulmans : « Allez-vous traverser le fleuve et venir jusqu’à nous ou allons-nous venir vers vous ? » Khalid a répondu : « Venez vers nous ! Si vous êtes venus vous battre, venez jusqu’ici ! » L’armée de l’ennemi a traversé le fleuve et s’est rendu de l’autre côté. Pendant ce temps, Khalid Ibn Al-Walîd a bien organisé son armée en rangs et l’a préparée à combattre l’ennemi.

Au moment de la bataille, le commandant de l’armée byzantine a ordonné à l’armée de se séparer en tribus différentes afin de voir quel groupe allait accomplir l’exploit le plus remarquable. Ainsi, l’armée s’est séparée sous leurs chefs respectifs. La bataille a commencé : Khalid Ibn Al-Walîd a quant à lui ordonné à son armée d’encercler l’ennemi de tous côtés et de le rassembler en un seul endroit : les musulmans devaient effectuer des attaques successives de sorte que l’ennemi n’ait pas la chance de récupérer. Il en a été ainsi : les troupes islamiques ont encerclé l’armée byzantine et l’ont réunie en un seul endroit et a commencé à l’attaquer violemment. Les Byzantins et leurs alliés pensaient qu’ils pourraient prolonger la bataille en envoyant des tribus séparées contre les musulmans, et que lorsque les musulmans seraient épuisés, ils les attaqueraient de plein fouet et les battraient complètement. Mais cette idée s’est avérée être mauvaise et la stratégie s’est retournée contre l’ennemi. Les musulmans les ont rassemblés en un seul endroit et ont commencé à les attaquer : ils n’ont pas pu y répliquer et ont été vaincus très rapidement ; et ils ont fui le champ de bataille.

Mais les musulmans allaient-ils les laisser ? Ils les ont poursuivis sur une longue distance et les ont tués. Tous les historiens s’accordent à dire que cent mille soldats ennemis ont été tués dans cette bataille, d’aucuns sur le champ de bataille et les autres dans la poursuite.

Après la victoire, Khalid est resté à Firaz pendant dix jours ; et le 25 Dhou’l-Qa’dah de l’an 12 de l’Hégire, il a ordonné à son armée de retourner à Al-Hîrah. Un écrivain commentant sur cette bataille écrit : « Au cours du califat de Abou Bakr (r.a.), les musulmans ont affronté pour la première la fois les superpuissances de Byzance et de la Perse et leurs armées arabes. Néanmoins, les musulmans ont remporté une grande victoire ; et sans nul doute cette bataille est l’une des plus historiques et des plus décisives de l’époque. Bien qu’elle n’ait pas atteint la renommée d’autres grandes batailles, elle a néanmoins détruit la force intérieure des mécréants, qu’ils soient de Perse, de Byzance, d’Arabie ou d’Irak. Cette bataille de Khalid, l’Epée d’Allah, en Irak a été son dernier maillon. Après cette bataille, la gloire des Persans a été réduite en poussière. Par la suite, ils n’ont jamais recouvert la force militaire nécessaire pour effrayer les musulmans. »

Un historien a décrit l’importance de la bataille de Firaz en ces termes : « L’échine de l’armée persane a été brisée après la victoire des musulmans à Oulays. Khalid Ibn Al-Walîd a poursuivi son avancée et a conquis respectivement Amghichiya, Al-Hîrah, Al-‘Anbâr, ‘Ayn Al-Tamr et Doumat Al-Jandal et a finalement atteint Firaz, une ville située sur le fleuve Euphrate, proche de la frontière de l’Empire romain. À Firaz, l’armée unie des Byzantins, des Persans et des tribus chrétiennes s’est battue contre les musulmans, mais Khalid Ibn Al-Walîd a vaincu cet important groupe d’infidèles.

Le conquérant de l’Arabie, Sayyidna Khalid Ibn Al-Walîd, a conquis l’Irak en une année et deux mois. Il disposait au total de 10 000 soldats et il y avait presque autant de soldats avec les autres commandants islamiques. Les exploits magnifiques accomplis par une si petite armée durant cette période sont sans précédent dans l’histoire. Khalid Ibn Al-Walîd a participé à toutes les batailles et n’a jamais connu la défaite. Il a reçu le titre de Saifoullah, ce qui signifie l’Epée d’Allah, de la part de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et il a été à la hauteur de ce titre. Ensuite, il a si bien géré les territoires conquis que les gens ont commencé à préférer l’Etat arabe à celui de la Perse. La dernière victoire des Arabes fut celle de Firaz. Khalid est resté à Firaz pendant dix jours. Ensuite il a pris la moitié de l’armée et est parti pour le front syrien. »

Jetons un coup d’œil sur la conquête de l’Irak. Celle-ci était le signe d’un grand succès. En Irak, les musulmans ont infligé des défaites dévastatrices successives aux forces perses, qui étaient bien plus puissantes en nombre et en équipements. Il faut se rappeler que l’armée persane était la plus meurtrière de son temps. L’histoire est incapable de fournir l’exemple d’un si grand accomplissement que celui qui a eu lieu durant le califat d’Abou Bakr (r.a.).

Sans aucun doute, tous les succès dans le domaine militaire sont dus à Khalid Ibn Al-Walîd et à ses compagnons et généraux, mais le fait est indéniable que ces victoires et succès étaient sous le patronage d’une grande personnalité : Abou Bakr (r.a.). L’histoire témoigne qu’aucun général militaire, aussi grand ou talentueux soit-il, n’a fait preuve d’une telle constance, d’une telle intégrité, d’une telle loyauté et d’une telle sincérité sans être influencé par les qualités et la haute personnalité du chef de l’État. L’exemple personnel, la bonne gouvernance et la constance montrés par Abou Bakr (r.a.) durant toutes les étapes des guerres contre l’incroyance, l’apostasie et la rébellion jusqu’à la conquête de l’Irak ont poussé l’Oummah musulmane à consentir aux plus grands sacrifices. Tous ses ordres et instructions étaient complets et perspicaces et son caractère personnel était des plus distingués. La plus grande preuve de la constance et de la détermination d’un chef est qu’il n’a jamais changé ses instructions ou règles – du début à la fin – en raison du prestige personnel d’untel ou de la pression d’un autre. L’exemple de bonne foi et de confiance présenté par le Calife Abou Bakr (r.a.) est inégalé eu égard à ses efforts pour maintenir les normes élevées pour la performance de ses subordonnés talentueux et pour accroître leur esprit d’abnégation et de sacrifice. Un subordonné ne ferait-il pas d’efforts pour mettre en œuvre les ordres d’un chef tel que Calife Abou Bakr (r.a.), qui était lui-même un exemple vivant de la plus grande loyauté et du sacrifice ? La capacité militaire de Sayyidna Khalid le place à juste titre dans les rangs des grands généraux du monde. Les principes de la sagesse arabe adoptés, voire institués, par Sayyidna Khalid eu égard à ses adversaires est un brillant chapitre de l’histoire militaire. Les prouesses au combat des musulmans et le mouvement constant de leur armée étaient les ressources les plus importantes de Sayyidna Khalid pour faire réussir ses plans audacieux.

Ces deux facteurs ont été utilisées par Sayyidna Khalid au maximum de son endurance ; et cela n’a été possible que parce qu’il n’a jamais mis ses soldats dans des difficultés qu’il n’avait pas lui-même subies. Le premier Calife occupe une place prépondérante dans l’histoire de l’islam, Sayyidina Khalid a été également le premier de ces célèbres généraux qui ont conquis les régions extérieures et ont refaçonné la carte politique et religieuse du monde sous la direction d’Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.). Les musulmans sous la direction politique et spirituelle d’Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) et la direction militaire de Sayyidina Khalid ont balayé l’Irak comme une tempête d’un bout à l’autre ; et maintenant ils étaient sur le point d’attaquer un autre royaume : celui de l’empire est de Rome. »

Incha Allah je présenterai plus tard le reste des récits de l’époque du Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.). Comme je l’avais dit, les récits d’aujourd’hui exigeraient [plus de temps]. Ces récits sur cette série de batailles prennent fin ici.

Vendredi prochain, Incha Allah, se tiendra la Jalsa Salana (conférence annuelle) de la communauté Ahmadiyya du Royaume-Uni. Priez qu’Allah bénisse cette Jalsa sous tous les angles. Que le voyage des participants se passe dans les meilleures conditions. Priez aussi pour ceux qui seront de service. Qu’Allah leur accorde la capacité d’assumer correctement leurs devoirs, car cette grande Jalsa se tient après un écart de deux ans voire de trois ans. Celle de l’année dernière était sur une plus petite échelle. Il y aura des difficultés, car la Jalsa sera à plus grande échelle. Qu’Allah supprime toutes les difficultés administratives ou autres qui pourraient survenir.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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